Entreprendre de rendre compte de la liberté morale sur le plan ontologique implique de se situer dans le cadre d' un dualisme au caractère essentialiste plus ou moins accusé, et ce, en vue d' expliquer la détermination se rapportant à l' agent soit au départ d' un mal naturel extrinsèque (le corps), soit au départ d' un mal moral intrinsèque (la raison débilitée). Plus spécifiquement, le concept de libre arbitre, en tant qu' acte consistant en un choix éthique, implique objectivement qu' il ait été préalablement établi, en tout état de cause, ce qu' est le bien ainsi que ce qu' est le mal, l' homme participant, de par sa nature même, de l' un et de l' autre. Aussi les déterminations intrinsèques de la liberté morale se ramènent-elles en dernière analyse à une question de nature, à savoir au caractère de l' agent. Il s' ensuit que le choix du bien apparaît, pour sa part, comme ce qui est logiquement prévisible compte tenu de la supériorité inhérente à la nature bonne de l' agent (le logistikon, la partie rationnelle de l' âme, selon Platon; l' hégémonikon, la faculté rationnelle directrice, selon les stoïciens); mais il s' ensuit également que le choix du mal, dont la philosophie morale grecque relative au libre arbitre vise à donner une interprétation rationnellement cohérente, résiste quant à lui, à toute tentative d' explication, attendu qu' il requiert au préalable de recevoir en propre sa justification, ce qui est impossible dans le cadre de l' explication ontologique de la liberté morale en tant que problème de nature; en effet, comment ce qui est par nature inférieur (le mal) pourrait-il l' emporter sur ce qui est par nature supérieur (le bien)?
Academy of Athens
