1. L΄histoire. L΄histoire est un ensemble phantasmagorique d΄actions, d΄épreuves et de créations de l΄humanité, encadrées dans le temps abstrait de l΄Univers, tout en constituant un temps concret. Elle se produit surtout par l΄apport de la liberté des hommes, cette source intarissable d΄initiatives. En outre, elle se fait dans la société des hommes, où par ailleurs ont lieu non seulement des fonctions indispensables à leur existence, mais aussi des faits et des états anti-humains. 2. Les éléments non-humains de l΄histoire. L΄existence de l΄homme, cet auteur unique de l΄histoire, bien qu΄elle soit notamment l΄actualisation de sa liberté, est à la fois soumise aux forces de la Nature. Or, l΄histoire, bien qu΄elle se produise en effet par l΄apport de la liberté des hommes, ne manque pourtant pas d΄être influencée, voire déterminée, par les forces de la Nature, en raison de cette dualité de l΄existence de l΄homme. 3. La terre, fondement de l΄histoire. Le fondement de l΄histoire étant la terre avec ses qualités naturelles, celle-là subit l΄influence de celle-ici. Pourtant, l΄influence d΄un même territoire sur l΄histoire n΄est pas toujours la même; et cela est dû à l΄efficacité variable de la réaction de la liberté humaine au défi des qualités naturelles du territoire, manifestée sous forme d΄invention et d΄emploi de techniques et d΄affrontement sage des problèmes pratiques de la vie. 4-5. Les incidences d΄événements géodynamiques et de changements géophysiques sur l΄histoire. Les événements géody-namiques, tels que les inondations, les tremblements de terre, interviennent dans le cours de l΄histoire, en provoquant notamment la réaction des hommes, tantôt efficace, tantôt inefficace, à leur encontre. Ce combat des hommes contre les calamités naturelles fait apparaître, au cours de l΄histoire, la rivalité entre la liberté et le hasard. En outre, les changements géophysiques, et surtout ceux qui concerment le climat, la productivité du sol etc., provoquent aussi la réaction de la liberté humaine et conditionnent l΄histoire des peuples de manière variable. 6. Les éléments extra-spatiaux et extra-temporels, et leur rayonnement sur l΄histoire. Si l΄histoire de l΄humanité n΄est possible que grâce à la liberté humaine, l΄actualisation de cette liberté n΄est possible que grâce aux «valeurs» ou «idées» —ces éléments extra-spatiaux et extra-temporels—, qui seules orientent ses démarches. Leur hypothèse, s΄avère nécessaire par l΄analyse notamment de ce qu΄on appelle «erreur», soit au cas d΄une opération cognitive soit au cas d΄une opération pratique. A l΄opposé des conditions matérielles de l΄existence des hommes, les éléments extra-spatiaux et extra-temporels sont impérissables et inépuisables, et par conséquent ils n΄ont pas besoin d΄être distribués. 7. L΄espace historique. L΄espace terrestre naturel, qui a déjà subi l΄initiative efficace de l΄homme et en porte les traces, et qui par ailleurs est ainsi apte à conditionner désormais le déroulement de l΄histoire, nous l΄appelons «espace historique», ce qui implique d΄ailleurs une référence à ses dimensions sociales. Quant à la variabilité de son étendue et de ses incidences, elle est expliquée par des facteurs multiples, dont le plus effectif semble être la portée de moyens de communication et télécommunication, disponibles à chaque époque. 8. Le temps historique. Nous appelons «temps historique» le temps de l΄action des hommes de même que de leurs epreuves et de leurs créations, ou en général de leur existence consciente. Il conditionne désormais le comportement et en général l΄existence consciente des hommes et ainsi le déroulement de l΄histoire. Le lien entre l΄homme et son «temps historique» est ainsi interne et presque inéluctable, aucune «émigration» n΄en étant possible. En outre, le temps historique, même quant à ses incidences sur l΄individu, ne manque pas d΄être déterminé par ses dimensions sociales: celles qui relèvent par exemple de la législation en vigueur, de l΄emploi d΄une invention, de la structure économique, de la diffusion d΄une idéologie, de l΄état de guerre ou de paix. Elles constituent un autre aspect du «hasard», ce rival, voire collaborateur, de la liberté de l΄homme depuis l΄aube de l΄histoire. 9. L΄homme face aux éléments non-humains de l΄histoire. Du point de vue du problème radical de l΄éthique apparaît comme nécessaire la distinction entre les actes conservateurs de la vie et les actes dignes en soi. Malgré l΄excellence de ces derniers la phase critique de l΄histoire est liée aux premiers, et en particulier au travail quotidien des hommes et à la promotion et l΄emploi de la technique. Cette phase critique de l΄histoire comporte les plus importantes altérations de l΄environnement naturel. Elles deviennent destructives très souvent par la démesure de la grande industrie et de l΄«aménagement» du territoire. Un appel est adressé à l΄humanité, pour qu΄elle cesse de violer la Nature et qu΄elle commence à contrôler certaines branches de la recherche scientifique, avant qu΄il ne soit trop tard pour la sauvegarde du genre humain.